​Le grand  orgue de l'église Saint-Nicolas

L'orgue de Jean-Baptiste Isnard

Construit entre 1760 et 1768 par Jean-Baptiste Isnard, l'orgue de tribune de l'abbaye bénédictine St-Lomer (qui allait devenir église Saint-Nicolas en 1791), fut totalement anéanti en 1793. Ses débris furent vendus, au stère pour le bois, au poids pour les métaux. 

L'orgue de Louis Bonn

En 1846, Louis Bonn établit, pour l'église St-Nicolas, le devis d'un orgue de tribune de 45 jeux répartis sur 3 claviers manuels de 4 octaves et un pédalier de 25 notes. Mais les circonstances économiques font obstacle à la réalisation de ce projet. Deux ans plus tard, et pour une somme beaucoup plus modique, c'est un orgue de 8 jeux (un clavier de 54 notes et un pédalier à l'allemande de 18 notes) que Louis Bonn installe dans le choeur de l'église.
En avril 1858, Louis Bonn propose d'échanger cet orgue de choeur contre un grand orgue qu'il avait voulu construire pour l'exposition universelle de 1855, mais n'avait pu terminer à temps. L'instrument, de 35 jeux répartis sur  4 claviers manuels et un pédalier de 18 touches est inauguré au mois d'octobre de la même année. 

L'augmentation de Joseph Merklin

En 1883, Joseph Merklin effectue des réparations et perfectionnements du grand orgue qu'il divise en trois parties :
«La première partie comprenant le remplacement par des tuyaux neufs de ceux qui sont endommagés et leur consolidation, la révision du mécanisme, la réparation de la soufflerie et la réharmonisation de tous les jeux.
La deuxième partie comprenant l'addition de cinq jeux de pédales séparées, avec leur sommier, soufflet régulateur et mécanisme respectif.
La troisième partie comprens l'application d'une machine pneumatique avec un nouveau mécanisme de transmission et d'accouplements.»

L'instrument ainsi restauré et étendu est inauguré au début de l'année 1884.

La réparation des dommages de guerre

En juin 1940, neuf avions remontent la Loire et bombardent Blois. Une de leur bombes détruit les vitraux de l'église St-Nicolas et endommage gravement l'orgue.
Les travaux de remise en état commencent en 1953, avec la participation des facteurs Lambert, Michot et Masset
En mai 1954, André Marchal, organiste de St-Eustache, inaugure le grand orgue reconstruit : 45 jeux, transmission électro-pneumatique, ventilateur neuf, console neuve, claviers de récit et d'écho complètement remaniés et augmentés. 

Améliorations électriques et sonores

En 1972, à la demande de Jacques Traverse, l'organiste titulaire, la manufacture d'orgues "Société des anciens établissements G. Gutschenritter" propose une série d'améliorations électriques et sonores parmi lesquelles : 
- adjonction d'un système de registrations multiples,
- doublage des appels au pied par des appels en fronton,
- adjonction d'une pédale de crescendo,
- accouplement du récit en 16 et 4',
- transformation de jeux existants et ajout de jeux nouveaux,
- modification de la console de 1954.
Au terme de plusieurs révisions successives du devis, le facteur d'orgue Robert Masset adresse le marché définitif à la mairie de Blois en janvier 1978.
Celui-ci sera signé par le député-maire Pierre Sudreau puis par le préfet, respectivement en juillet et novembre 1978.
La fin des travaux est annoncée par Robert Masset au début de l'année 1980.
Un concert inaugural est organisé au mois de mai 1980, avec la participation de Pierre Cochereau, titulaire des grandes-orgues de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

24 mai 1980 : Pierre Cochereau, en conversation avec Pierre Sudreau et Jacques Traverse.

Composition de l'orgue de 1980 (50 registres - 47 jeux réels)

​I : Gd-Orgue

Montre 16'
Bourdon 16'
Montre 8'
Bourdon 8'
Flûte 8'
Prestant 4'
Quinte 2' 2/3​
Doublette 2'
Piccolo 1'
Fourniture 4 rgs
Cymbale 3 rgs
Grand cornet 5 rgs
Bombarde 16'
Trompette 8'
Clairon 4'


​II : Positif
 
Bourdon 8'
Flûte harmonique 8'
Violon 8'
Salicet 4'
Doublette 2'
Fourniture 4 rgs
Trompette 8'
Clairon 4'

​III : Récit expressif

Cor de nuit 8'
Flûte traversière 8'
Dulciane 8'
Voix céleste 8'
Flûte 4'
Nazard 2' 2/3
Octavin 2'
Tierce 1' 3/5
Plein-Jeu 4 rgs
Basson 16'
Basson-Hautbois 8'
Trompette 8'
Clairon 4'

​IV : Echo

Quintaton 8'
Flûte à fuseau 4'
Quinte ouverte 2' 2/3
​Flageolet 2'
Tierce conique 1' 3/5
Cromorne 8'

​    Clavier de pédales

Soubasse 32' (emprunt GO)
Soubasse 16' (emprunt GO)
Contrebasse 16'
Bourdon 8' (emprunt GO)
Octave-basse 8'
Flûte 4'
Bombarde 16'
Trompette 8'

Tirasses GO, Pos, Réc et Echo
Appel GO
Pos/GO, Rec/GO, Echo/GO,
Rec/Pos, Echo/Pos, Echo/Rec
Appel des anches

L'état actuel de l'orgue

Au cours des six années suivantes, de remarquables concerts sont donnés sur l'instrument ainsi remanié, tantôt par Jacques Traverse lui-même, tantôt par des organistes de la région, comme André Pagenel, qui était alors titulaire de l 'orgue de la cathédrale de Bourges.
En 1984, François-Henri Houbart, venu examiner les possibilités de classement de l'instrument, signale quelques défectuosités dues au système de transmission.
En février 1987, Jacques Traverse décède dans des circonstances tragiques.
Son élève Olivier Rouet lui succède à la tribune du grand orgue.
Quelques mois plus tard, c'est la naissance de l'ARONIC, "Association pour le Rayonnement des Orgues de Saint-Nicolas".
La présidente en est Madame Josette Traverse, veuve de Jacques Traverse.
En 1988, l'état de l'orgue devient préoccupant.  Joël Forgues, délégué régional à la musique, se rend à Blois, visite qui sera à l'origine de la mise en étude d'un plan de restauration du grand orgue.
Les lignes qui suivent sont extraites de l'ouvrage "Inventaire national des orgues, région Centre - N° 3 - Les orgues de Loir-et-Cher Collectif" :

«Pierre Dumoulin, technicien -conseil de la direction de la Musique, fait en juin 1989 le point de la situation : six facteurs ont répondu à l"appel lancé en "consultation libre" par la ville de Blois. Le 13 avril 1990, les "jeux ou parties de jeux du facteur Louis BONN" et ceux "du facteur MERKLIN" sont "classés parmi les monuments historiques". Une réunion se tient à Blois le mardi 28 mai "en présence des représentants de la direction du patrimoine, de la direction de la musique et de la danse, des représentants locaux" : ele confie "une étude-inventaire" à Claude Aubry, technicien-conseil de la direction du Patrimoine. Pierre Dumoulin et Claude Aubry exposent leurs conclusions devant la Commission des orgues non classées le 24 septembre 1991 : respect de la partie historique, création d'un positif dorsal pour une meilleure présence acoustique de l'instrument dans l'édifice, remplacement du sommier de récit par un sommier neuf à gravures et registres, console neuve en fenêtre, traction mécanique des notes, traction électrique des registres, soit un orgue à cinq claviers et pédalier, cinquante-cinq jeux.
A son tour, la Commission supérieure des monuments historiques, Vème section, orgues et instruments anciens, examine le 11 octobre le programme de travaux, l'approuve et réfléchit au diapason qu'il convient d'adopter, afin de permettre aux "utilisateurs locaux d'associer cet orgue à la participation notamment des orchestres".
Il restera à mener à bien la restauration des structures de maçonnerie et celle de l'ensemble de l'édifice, en particulier celle de la façade ouest, avant d'entreprendre la restauration de l'orgue sous la direction d'Eric Brottier, technicien-conseil et maître d'oeuvre désigné pour cette restauration (Archives de la direction régionale des Affaires culturelles, compte rendu de la réunion du 20 mai 1992).»


Vingt-deux ans plus tard, Les travaux de fonds dont l'église Saint-Nicolas a le plus grand besoin n'ont toujours pas été effectués.
Le grand orgue sommnole sous la poussière et les gravats, entouré d'étais de maçon destinés à contrer l'affaissement de la voûte qui le surplombe ...

Situation de l'église Saint-Nicolas :